Être une femme - Anaïs Nin (2024)

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Très rares sont ceux qui essayèrent d’exprimer, dans toute leur profondeur, nos réactions face à la vie. Pourtant, c’était le support le plus parfait pour saisir notre vie intérieure. Nous savons, nous sommes tout à fait conscients que nos vies ne sont qu’un enchevêtrement de rêve, de réalité, d’illusion, d’imagination, d’influences de l’enfance et de désir.

Le jour où la femme admettra ses qualités masculines, et l’homme ses prétendues qualités féminines, cela voudra dire que nous reconnaissons enfin que nous sommes androgynes, que nous avons plusieurs personnalités et plusieurs côtés à faire vivre. Une femme peut avoir du courage, peut aimer l’aventure, peut être tout cela. Et cette femme nouvelle, qui est en train de naître, m’inspire et m’émerveille. Et je l’aime.

Elles refusent la séduction, le charme ou tout autre moyen de créer cette atmosphère d’érotisme dont elles rêvent. Comment l’homme pourrait-il même se rendre compte de la sensibilité de chaque parcelle du corps de la femme, si elle le cache sous des jeans qui la font ressembler à l’un de ses copains et qui n’offrent qu’une seule ouverture pour la pénétration? S’il est vrai que la sensibilité érotique de lafemme s’étend à toutes les parties de son corps,elle n’en tient alors aucun compte dans sa façon de s’habiller. D’autre part, il y a des femmes qui ne sont pas satisfaites du rôle passif qui leur a été attribué. Ilya des femmes qui rêvent de prendre, de conquérir, de posséder comme le fait l’homme. C’est la force libératrice que nous donne aujourd’hui notre prise de conscience qui nous fait désirer repartir de zéro et créer, pour chaque femme, un modèle individuel et non commun à toutes. J’aimerais qu’il existe un ordinateur assez sensible pour donner à chaque femme un modèle né de ses propres désirs inconscients.

Je pense que toutes mes héroïnes ont essayé de vivre suivant les impulsions de leur subconscient. Dans mes romans, il n’y a qu’un seul personnage, une femme, qui agit de manière directe, et même elle finit par découvrir la nécessité du voyage intérieur. Je n’ai jamais cru à l’action, je n’ai cru qu’à l’accomplissem*nt poétique de la vie.

J’aurais pu ainsi vivre par personne interposée, à travers un homme; j’aurais été tout ce dont un artiste a besoin –muse, assistante, mère protectrice et nourricière. Àvingt ans, ce rôle semblait le plus rassurant. Ce n’est que lorsque je rencontrai Rank que je compris que j’avais mon œuvre à accomplir. Lorsque l’on vit à travers un autre, on s’attend toujours à ce qu’ilfasse notre propre travail et l’on est déçu s’ilfait le sien.

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Dans Grand seigneur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l'amour un être à l'existence hautement romanesque.Le désir d'un roman sans fin rassemble quant à lui de nombreux écrits de l'autrice, portraits, nouvelles, chroniques, parus dans la presse ou publiés entre 1992 et 2022. Une oeuvre à part entière, qui pourrait se lire comme un roman racontant la vie, ses arrêts, ses errances.Ces deux parutions récentes prolongent l'oeuvre prolifique et lumineuse d'une romancière majeure de la littérature contemporaine. Elle reviendra sur son parcours d'écriture à l'occasion de ce grand entretien mené par Lauren Malka, dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Nina Bouraoui est l'autrice de nombreux romans et récits dont La Voyeuse interdite (Gallimard, prix du Livre Inter 1991), Mes mauvaises pensées (Stock, prix Renaudot 2005) ou Otages (JC Lattès, prix Anaïs Nin en 2020). Elle est commandeur des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Rencontre animée par Lauren Malka dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
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